Tout le Monde se demande quel est le meilleur Investissement en période d’inflation. Et bien oui c’est TINA. Tina Turner ?! Non non ce n’est pas elle mais on pourrait reprendre une parole de sa chanson Simply the Best. « Well above all the rest » (au-dessus de tout le reste).
Qui est Tina, enfin quoi ?
TINA est un acronyme en anglais pour « There is no alternative ». Traduit par « Il n’y a pas d’alternative ». Il a été récemment utilisé par Terry Smith parfois surnommé le Warren Buffet britannique. Terry Smith est un gérant de fonds. Son fonds principal Fundsmith (de plus de 25 milliards d’Euros) a réalisé une performance cumulée de 451% depuis 2010 soit 15.8% par an (plus de 4% au-dessus du marché). Sa stratégie est simple : « Acheter des business de grande qualité, a un prix raisonnable puis attendre et ne rien faire ». Dans sa lettre de mi année a ses investisseurs Terry Smith mentionne le terme Tina. Vous pouvez la retrouver dans ses lettre aux actionnaires de Fundsmith ici. A la fin de cette lettre Terry Smith passe en revue les alternatives actuelles disponibles aux investisseurs.
Nous allons récapituler dans cet article les investissements disponibles dans le contexte inflationniste actuel. L’inflation qui s’accompagne d’une hausse des taux d’intérêts qui elle même risque de générer une récession.
Quel est le plus mauvais investissement en période d’inflation ?
Selon moi et comme éludé par Terry Smith et d’autres le pire sont les obligations. Vous prêtez de l’argent a quelqu’un et en échange il vous verse des intérêts. A une date donnée il vous rembourse la totalité de la somme empruntée. Ici l’investisseur joue le rôle de banquier. Le risque principal ici est que l’emprunteur fasse défaut et soit dans l’incapacité de rembourser. Début Octobre 2022 l’obligation à 10 ans de la France était à 2,73% et celle de l’Allemagne à 2,12%. Air Liquide a récemment, en Septembre 2022, emprunté sur les marchés 600 millions d’euros au taux de 2,875% par an. Et ceci sur 10 ans. Air Liquide est une très belle entreprise mais pas non plus la plus solide du Monde.
En tout les cas selon moi ces obligations sont une garantie de perdre de l’argent! Certes elles peuvent moins baisser que les autres actifs mais avec les taux de rendements actuels qui sont toujours inférieurs à l’inflation vous vous engagez à perdre de l’argent. Je dois avouer que j’ai d’autres ambitions que de vous garantir une perte d’argent.
Le cash un meilleur investissement que les obligations en période d’inflation ?
Cela peut prêter à débats mais garder du cash ou placer dans des livrets accessibles semble meilleur que les obligations. Même si les rendements sont plus faibles que ceux des obligations et que l’inflation grignote le cash il a un grand avantage. L’argent est disponible et permet d’agir très vite en cas d’opportunités. Certes le cash perd de sa valeur chaque jour mais il donne une flexibilité importante. Le cash a donc du sens si l’on économise afin de le réinvestir plutôt que de le garder sous le lit.
Les métaux un investissement qui protège de l’inflation ?
L’or : la fameuse valeur refuge. Pendant les grandes périodes inflationnistes de 1974 et de 1980 il est indéniable que l’or a protégé les investisseurs. Entre 1972 et 1974 la valeur de l’or avait environ doublé. Entre 1979 et 1981 l’or avait même quasiment atteint un plus haut d’environ 5 fois son cours de Janvier 1979. Le cours a triplé entre janvier 1979 et janvier 1981. En 2021, pour le moment on ne peut pas dire que l’or ait servi de valeur refuge. A partir d’octobre-novembre 2021 l’inflation a dépassée 6% aux Etats-Unis. En novembre 2021 le cours était d’envions 1.800 USD, il est monté jusqu’à 2.070 en Avril 2022 et depuis lors a diminué pour atteindre 1.660 USD à fin Septembre 2022. L’or a certainement mieux fait que la bourse mais il n’a pas eu les mêmes performances que pendant les périodes inflationnistes précédentes.
D’autres matières premières ont aussi beaucoup monté comme le pétrole qui a atteint un pic de 129,42 USD le baril en Mars 2022 et est depuis redescendu à 79,67 USD le baril à la clôture de Septembre. Ces matières premières emblématiques montrent que dans une période inflationnistes leurs cours peuvent monter mais il faut un excellent timing pour en profiter. Aussi on voit bien que parier sur les matières premières n’est pas forcément le bon outil à long terme. En effet ni l’or ni le pétrole ne versent de dividendes et ils sont à des niveaux similaires à ceux de 2011. Donc en plus de 10 ans ils ont fluctués mais sont restés au même niveau alors que l’inflation sur la période est de 31.67%.
L’immobilier l’investissement parfait contre l’inflation ?
Il est indéniable que l’immobilier est un bon bouclier contre l’inflation (comme expliqué ici par la caisse des dépôts). Il a beaucoup d’avantages. Les loyers sont souvent indexés sur l’inflation. L’immobilier est un bien tangible qui ne va pas disparaitre (comme le pourrait une entreprise). Il a aussi tendance à suivre l’inflation. Enfin si le bien est acheté avec un emprunt à un taux fixe et faible le rendement peut être intéressant.
Il y a quand même des risques. En période d’inflation les prix peuvent chuter si les taux d’intérêts augmentent fortement. Les loyers ou les prix peuvent aussi chuter en cas de crise avec une réduction de l’argent disponible pour l’habitation. Aussi l’immobilier n’est pas immunisé du travail de gestion des locataire et surtout du risque de ne pas faire rentrer les loyers. Si vous n’avez pas de loyers qui rentrent l’immobilier est même le seul Investissement de la liste qui peut continuer à vous coûter de l’argent. L’immobilier physique est aussi peu liquide et demanderait beaucoup de temps avant de récupérer ses fonds. Enfin dernier sujet et non des moindres pour réaliser une opération immobilière réclame un capital relativement important.
L’immobilier peut donc convenir à certains mais pas à tous.
TINA et les actions en bourse
Comme on l’a vu les alternatives ne sont pas parfaites et ne permettent pas de se protéger à 100%. Et la bourse me direz-vous le Nasdaq a baissé de presque 35% entre novembre 2021 et septembre 2022. et le S&P 500 de 25,22% sur la même période. C’est moins bien que tout le reste! Donc la bourse est le pire investissement ? Et bien oui et non.
Le pire investissement dans les périodes d’inflation
Et bien oui, ce sont les actions surévaluées ou de mauvaises entreprises achetées au mauvais moment. Certains actionnaires du boom 2020-2021 des entreprises de véhicules électriques s’en mordent encore les doigts aujourd’hui. De toute façon les mauvais titres en bourse seront toujours des investissements épouvantables et ce quel que soit l’inflation. Les périodes inflationnistes exacerbent les piètres performances et servent de révélateurs.
Il est aussi vrai que de belles entreprises telles que Meta ou PayPal se sont effondrées. Dans le court terme les cours peuvent baisser mais si l’on est rationnel dans le moyen ou long terme il est probable que ces deux entreprises continueront à grandir et générer des profits. Il en résulte qu’il est probable que sur le moyen et long terme les cours s’apprécieront.
Le paradoxe des conséquences de la hausse des taux d’intérêts…
De façon paradoxale avec la hausse des taux d’intérêts les entreprises qui ont subies les chutes les plus violentes sont… les entreprises de croissance! En effet une partie importante de la valorisation des entreprises de croissance sont ses profits futurs. Si les taux d’intérêts augmentent alors la valeur actuelle des profits futurs baisse. Ceci explique pourquoi les entreprises de croissance ont été les plus affectées. Hors les entreprises de croissance bien établies sont souvent les plus intéressantes pour les investisseurs long terme. Il est bien évident que je préfère investir dans une entreprise qui a 10% de croissance annuelle qu’une qui a 2%.
…qui offre des opportunités de bons investissement en période d’inflation
Une entreprise formidable avec de forts avantages concurrentiels, un bon business model et un bilan solide résistera a la crise. Ce type d’entreprises ressortent renforcer des crises. Les crises ont l’avantage de décimer les concurrents les plus faibles. Les entreprises formidables peuvent aussi acquérir des concurrents a un prix abordable. La crise du Covid est une illustration forte de cela : bon nombre d’entreprises ont disparues ou sont en coma artificiel uniquement gardées en vie par le support artificiel des gouvernements. De grandes entreprises telles que LVMH en ont profité pour se renforcer (voir ici l’analyse de LVMH). Choisir ses entreprises pour les périodes de crise et d’inflation n’est pas facile. Pour vous y aider vous pouvez consulter ici l’article déjà disponible sur le sujet.
Donc même si sur le court terme les cours sont chahutés, surtout ceux des entreprises de croissance. Sur le long terme les « entreprises formidables a un prix correct » restent sans doute le meilleur investissement. Surtout en période de crise et d’inflation leur cours baissent et donc les potentiels de gains augmentent. Il faut célébrer ces périodes d’opportunités et garder la tête froide alors quand tout le monde perd la sienne. Les entreprises « formidables à prix correct » restent le meilleur investissement dans toutes les périodes mais surtout en période de crise.
Ici l’analyse montre que l’immobilier est bien placé produisant une performance annuelle de 10,23% un peu supérieure à celle du SP500. Par contre l’on voit bien que les entreprises formidables que sont General Electric, Johnson and Johnson et Berkshire Hathaway (Warren Buffet) ont surperformés et ont fait bien mieux que l’inflation. Si vous aviez le flair d’investir dans Walmart (troisième chaine de supermarchés au Monde aujourd’hui) vous auriez touché le jackpot.
Oui en période d’inflation le meilleur investissement c’est TINA
Quand on y regarde de plus près il n’y a pas de meilleure alternative aux actions de qualité à un bon prix. Les obligations sont des garanties de perte. Le cash perd de sa valeur. L’or et le pétrole fluctuent sur le court terme mais dans les deux ans redescendent. L’immobilier est intéressant mais demande de fortes sommes, est moins flexible et surtout comporte quelques risques supplémentaires. Enfin reste la bourse. Attention TINA n’est pas la bourse, mais les actions, de qualité achetée à bon prix, d’entreprises qui sont destinées à se développer et générer du cash sur le long terme.
Evidemment il est possible d’essayer d’avoir le timing parfait. Vendre au plus haut les actions, acheter de l’or, vendre l’or au plus haut et ensuite racheter les actions soldées. Ceci marche parfaitement… après coup. Cette stratégie est impossible à mettre en œuvre car personne n’est capable de prévoir les plus hauts et les plus bas du marché. Alors le plus simple et le plus fiable est de faire comme les plus grands investisseurs de l’histoire : acheter des titres de qualité à un bon prix.
Et vous comment gérez vous la crise inflationniste actuelle ? Je serai curieux de voir vos commentaires.