Les dividendes font fantasmer et beaucoup parler. Selon beaucoup d’influenceurs, les dividendes sont le graal de la liberté financière. Et bien dans cet article, on verra si cette stratégie boursière centrée sur les dividendes fonctionne vraiment. Les forces et faiblesses de cette approche. Mais aussi le travail nécessaire pour mettre en place cette approche. Alors la stratégie dividend investing (en anglais) vaut-elle le coup ? Je vais la noter et après avoir lu cet article vous saurez si elle vous correspond ou pas.

Définition d’une stratégie boursière centrée sur les dividendes :

L’objectif est d’obtenir des revenus réguliers grâce au versement des dividendes d’entreprises cotées. En conséquence, la stratégie consiste à acheter des actions d’entreprises ou de fonds qui versent des dividendes relativement élevés. L’idée ici est de se concentrer sur des entreprises dont le dividende est important comparé au cours de l’action (un bon rendement en langage boursier). L’entreprise doit être solide, c’est-à- dire qu’elle aura la capacité à verser les dividendes dans la durée.

Force de la stratégie: un revenu régulier

• Un revenu régulier qui permet de toucher du cash sans vendre ses actions. C’est quelque part un peu comme de l’immobilier, sauf qu’ici on perçoit des dividendes et pas des loyers. Ici, pas besoin de vendre ses actions pour percevoir de l’argent. C’est l’une des rares stratégies boursières qui permet d’avoir des revenus.

• En général les actions à dividendes sont moins volatiles que les autres actions. En effet un investisseur dans cette stratégie est principalement focalisé sur le dividende et non sur d’autres éléments comme la croissance de l’entreprise. Les entreprises bien gérées ont une gestion plutôt prudente des dividendes. Ceci leur permet de continuer à verser des dividendes même si la conjoncture n’est pas très bonne. A l’inverse, les actions de croissance n’ont pas cette “garantie” et sont plus sensibles à l’environnement.

• Entreprises plus stables et plus matures donc à priori moins de risques. Si l’entreprise verse des dividendes c’est qu’elle est en capacité de le faire. Cela signifie que l’entreprise fait des larges bénéfices qui lui permettent de réinvestir et aussi rémunérer ses actionnaires. Les risques que l’entreprise fasse faillite sont donc en général moins importants que la moyenne.

Faiblesses des dividendes : les taxes mais encore

• La taxation n’est pas vraiment un risque mais plutôt une réalité. En général l’impact des impôts est plus important sur les dividendes que sur les plus values. Cette stratégie n’optimise pas la fiscalité. Avec les plus values les impôts sont différés jusqu’au moment de la vente des actions, alors que pour les dividendes ils sont dûs au versement. Pour optimiser le rendement mieux vaut racheter des actions que verser des dividendes. C’est pour cette raison que Warren Buffett n’a jamais versé de dividendes et a toujours privilégié le rachat d’actions pour son entreprise Berkshire Hathaway.

• Risque des taux d’intérêts. Cela est vrai sur beaucoup d’actions mais sur les entreprises à dividendes il est très important. Plus les taux montent, plus l’attrait d’investir dans les entreprises à forts dividendes sera faible. Quand les taux sont à 1%, les investisseurs sont contents avec 5% de rendement via les dividendes. Mais si les taux montent à 6% ils demanderont probablement 10% de rendement. Il s’ensuit que pour atteindre ce taux de rendement soit l’entreprise augmente ses dividendes soit le cours de bourse doit baisser. Et c’est souvent le cours de bourse qui finit par baisser. Donc une hausse des taux génère en général une baisse du cours.

• Pour ce type d’entreprise, le prix de l’action peut être très dépendant du dividende. Malheureusement certains dirigeants risquent de privilégier le court terme et le cours de bourse en continuant à verser des dividendes qu’ils ne peuvent plus se permettre. Ceci se concrétisant par la limitation des investissements ou bien par des emprunts toujours plus importants. Sur le long terme cela peut avoir des conséquences très négatives.

Appliquer la stratégie des dividendes :

La stratégie n’est pas la plus compliquée à mettre en œuvre. Cependant elle demande un peu de travail au début pour choisir les bonnes entreprises et un suivi au minimum mensuel. Ce n’est pas la stratégie 100% passive que certains prétendent. En effet il faut suivre l’évolution des entreprises. Mais aussi et surtout il faut réinvestir à intervalle régulier les dividendes reçus. Il existe plusieurs façons d’appliquer cette stratégie.

Utiliser des ETF :

Les ETF et fonds basés sur les dividendes sont très nombreux. Ici pas de recherche très complexe on achète un fonds et pas besoin de sélectionner un portefeuille d’actions. Voir cet exemple d’ETF avec des actions Européennes. Il contient des assureurs et des sociétés comme Bouygues.

Un autre exemple d’ETF américain contenant les aristocrates du S&P500 et certains noms connus comme 3M ou IBM. L’inconvénient que je vois pour ces ETF est que la qualité des entreprises ne me semble pas la meilleure. Par exemple IBM est en perte de vitesse depuis des décennies. 3M est en proie a de multiples procès. Il est très clair que ces entreprises essayent de compenser ces problèmes par des beaux dividendes.

S’entourer d’aristocrates… :

Acheter des actions qui font partie des dividendes aristocrates est une autre stratégie. Les aristocrates sont des entreprises qui depuis au moins 25 ans versent et augmentent leur dividendes chaque année. Le principe étant que dans le temps les dividendes augmenteront et que donc le rendement seront de plus en plus important.

Comme je l’ai décrit dans cet article, Warren Buffett acheta dans les années 80 l’action Coca Cola. En 35 ans il a récupéré environ 8 fois sa mise en dividendes. En 2023 il percevra environ 720 millions de dollars de dividendes, alors que son investissement initial était de 1,3 milliards de dollars. C’est un peu comme si vous aviez acheté une maison 100 000 Euros et 35 ans après vous perceviez un loyer de 55 000 euros annuels.

… bien choisir ses amis :

Avec cette stratégie, il faut bien faire attention au choix des actions. En effet l’on est souvent tenté par les entreprises qui offrent le meilleur rendement aujourd’hui mais qui en général voit leur cours stagner ou baisser dans le temps. Par exemple en France Engie, la Société générale et le Crédit agricole offrent les meilleurs rendements à fin janvier 2024. Le Crédit agricole stagne depuis 2009, La Société générale a vu son cours baisser de 60% depuis 2009. Engie stagne depuis 2012.

Performance : pas optimale mais fiable

Il y a débat, et j’aurai pu mettre 4 étoiles. Pour les raisons de fiscalité et certaines expliquée plus haut la performance n’est pas optimale.

J’ai comparé la performance de l’indice S&P500 avec l’ETF Vanguard High Dividend Yield. Il a été crée en 2006 et permet une analyse sur le long terme. Depuis sa création il a généré 283% (ce qui est superbe) mais dans le même temps le S&P a généré environ 360%. Soit une sous performance d’environ 1.5% par an sur le marché américain. Sur 10 ans les ETF de dividendes sous performent aussi l’indice d’environ 35%.

Si l’on compare à l’Eurostoxx 50 la performance est beaucoup plus honorable. Sur 10 ans elle est similaire en Europe. Certains doivent se demander pourquoi en Europe la performance est stable et pourquoi aux Etats-Unis la stratégie sous performe. Et bien c’est du a la composition des indices. La bourse américaine est tirée par les géants de la tec (Amazon, Alphabet / Google, Meta / Facebook, Microsoft) qui ne versent pas ou très peu de dividendes. La stratégie centrée sur les dividendes exclues de fait ces locomotives. L’Europe n’a pas ces locomotives et des entreprises plus traditionnelles (ce qui est aussi le cas du Canada).

Au-delà de la question de la performance pure, il y a aussi celle de la fiscalité. En général les dividendes sont plus taxés que les plus values. Ce qui fonctionne au détriment de cette stratégie.

Protège en période de crises

Les études ont montrées que pendant les période de baisses du marché ou de crises les entreprises à forts dividendes résistent mieux. Bloomberg a publié de belles études sur le sujet. Les raisons seraient que par la nature des entreprises distribuant des dividendes elles soient plus stable et moins impactée par la conjoncture.

Pour qui la stratégie des dividendes est la plus adaptée ?

La stratégie d’investissement en dividendes convient particulièrement aux investisseurs qui recherchent la génération de revenus et la stabilité du capital. Les retraités peuvent trouver cette stratégie attractive car elle permet de compléter ses pensions de retraite sans trop grignoter dans son capital.Les investisseurs prudents, qui recherchent une certaine stabilité et certitude peuvent être aussi attirés par cette stratégie. Ceux qui sont averses au risque peuvent y trouver leur compte aussi. Ces investisseurs préfèrent troquer un peu de performance pour moins de risque et volatilité.

Mon avis et note globale :

La stratégie n’est pas optimale mais elle reste plutôt solide. En période de crise, elle permet de limiter les baisses et de conserver un revenu. Elle n’est pas la meilleure pour faire croître son patrimoine, mais les risques sont limités. Elle est plutôt adaptée à certaines personnes qui détiennent déjà un certain capital et souhaitent vivre de leur rente plutôt que celles qui recherchent la croissance de leur capital.

Votre avis 🡻 :

Et vous que pensez-vous de cette stratégie? Vous est-elle adaptée ou recherchez vous plus de performance. Mettez dans les commentaires ci-dessous.