Krach boursier, quels secteurs résistent le mieux? Comment amortir la chute.

Beaucoup d’analystes prĂ©voient un Ă©norme Krach boursier en 2022. J’ai moi-mĂŞme Ă©crit un article sur le sujet. Rien n’est certain mais il vaut mieux se prĂ©parer au pire. Savoir quels secteurs rĂ©sistent le mieux pendant un Krach peut permettre de limiter la casse. Et amortir la chute, surtout si elle est lourde. Plus bas on vĂ©rifiera si 2022 suit les krachs boursiers de 2000 et 2022.

Quoi de mieux qu’analyser les krachs boursiers de 2000 et 2008 pour savoir ce qui devrait rĂ©sister le mieux. Afin de savoir quels secteurs ont mieux rĂ©sistĂ© aux krachs de 2000 et 2008 on analysera les 11 secteurs constitutifs du S&P 500 (Indice des 500 plus grandes entreprises AmĂ©ricaines). ĂŠtre positionnĂ© sur les bons secteurs en amont peut vous aider Ă  limiter les pertes. Trois secteurs se dĂ©tachent nettement. Oui la santĂ© en fait pas partie ! Quels sont les deux autres a votre avis ?

Un krach boursier fait mal Ă  la tĂŞte.
Le Krach de 2022 fait mal Ă  la tĂŞte mais on peut amortir la chute

Les 11 secteurs constitutifs du S&P 500 :

Avant d’analyser il convient de faire un rappel des 11 secteurs avec des exemples d’entreprises. On utilisera le S&P500 qui est le plus grand index du Monde. Index des 500 plus grandes entreprises américaines cotées en Bourse (équivalent du CAC40 en France).

Krach boursier Performance par secteur du SP500 en 2000, 2001, 2002, 2007 et 2008
Performance par secteur pendant les krachs boursiers de 2000 et 2008

Les 2 secteurs de consommations :

  • Consommation discrĂ©tionnaire (ou facultative) : Produits de consommation mais non essentiels. Secteur assez vaste qui regroupe les restaurants, les hĂ´tels, l’automobile, les produits de Luxe, les vĂŞtements de sport, etc. En Europe on retrouve LVMH, Mercedes. A noter qu’Amazon est considĂ©rĂ© comme de la consommation discrĂ©tionnaire.
  • Consommation de base : Produits de consommation essentiels et de base. On va prinicipalement y retrouver la nourriture, les supermarchĂ©s, et les produits d’hygiène personnelle et de beautĂ© (et oui c’est essentiel de se sentir beau et belle). Danone, l’Oreal, Nestle ou Heineken. Aux Etats-Unis on retrouve Coca Cola, Colgate et Costco.

Les 3 secteurs liés aux matières premières :

  • Energie : pas besoin d’y passer des heures. Producteurs d’énergie fossile tels que Total ou Shell. Aux Etats-Unis ce sont toutes les entreprises pĂ©trolières.
  • Matières de base : On retrouve les entreprises minières mais aussi les entreprises industrielles qui produisent des produits chimiques et des gaz. En Europe on va retrouver Air Liquide et par exemple Rio Tinto le gĂ©ant minier.
  • Services de base (utilities) : pas le plus facile a traduire. Ici les entreprises d’électricitĂ©, d’eau, de collection de dĂ©chets, etc. Les entreprises les plus connues et les plus grandes sont les entreprises qui gĂ©nèrent et distribuent l’Ă©lectricitĂ©. EDF en France, National Grid au Royaume-Uni ou bien Enel en Italie, etc.

Les 2 secteurs liés à la technologie :

  • Le secteur Technologique : encore très vaste mais pas forcĂ©ment ce que l’on croit. On y retrouve les Ă©diteurs de logiciels, les fabricants de tĂ©lĂ©phone portable ou de semi-conducteurs ainsi que des entreprises telles que Visa. Aux Etats-Unis on y trouve donc Apple, Microsoft et Nvidia (semi-conducteurs). En Europe on trouve ASML (semi-conducteurs), Cap Gemini (consultant en informatique) ou SAP (Éditeur de logiciel allemand).
  • Communication : La c’est un peu contre-intuitif. On y retrouve notamment les entreprises de publicité… que sont Google (Alphabet) et Facebook (Meta). Mais aussi entreprises de divertissement tels que Netflix et Disney. Et bien Ă©videmment les entreprises de tĂ©lĂ©phonie. En Europe on retrouverait Orange, Publicis ou Universal Music.

Les 4 autres secteurs :

  • Les financières : ce sont les banques bien Ă©videmment et aussi les services financiers. Donc on y retrouve aussi les assureurs, les gestionnaires de fortune ou bien les places boursières. Et oui vous pouvez ĂŞtre actionnaire d’Euronext (propriĂ©taire de la Bourse de Paris).
  • La santĂ© : en Europe ce sont principalement les entreprises pharmaceutiques telles que Sanofi. Et aussi celles qui proposent du matĂ©riel de santĂ© telle que Roche Diagnostic ou Abbott. Du fait de la privatisation du secteur de la santĂ© aux Etats-Unis on y retrouve United Health Group qui propose des soins et est un assureur.
  • Industriel : Ce sont toutes les entreprises industrielles (mis Ă  part l’automobile). On y retrouve aussi les entreprises de “transport“ telles que Airbus mais aussi DHL. C’est assez vaste et va des post-its (3M) aux ascenseurs (KonĂ©) ainsi qu’au matĂ©riel agricole.
  • Immobilier : Pas besoin de beaucoup d’explications ici.

La composition des secteurs a une certaine logique. Elle n’est pas forcément implacable et pourrait porter à débat. Cependant nous ne l’ouvrirons pas ici. Pour ceux que ça intéresse on peut retrouver ici (en anglais) un article sur le poids de chaque secteur dans le S&P500.

Quels secteurs résistent le moins bien, et sont à éviter ?

Il faut d’abord préciser que chaque krach boursier n’est jamais identique. Donc les certains les plus affectés ne sont pas toujours les mêmes. Par exemple en 2000 la technologie avait atteint des valorisations stratosphériques (ou plutôt ridicules, c’est selon). Il est donc logique que la Technologie était la plus affectée et les secteurs adjacents tels que la communication aussi.

En 2008 lors de la crise financière les plus affectĂ©e Ă©tait les… financières. Ceci dit l’impact Ă©tait tellement violent que 9 secteurs sur 11 avaient perdu plus de 40% en un an. 

La conclusion est qu’il faut éviter le secteur le plus exposé du moment. Aujourd’hui certains titres “solides” ont déjà perdus plus de 50 à 60% par rapport aux plus haut. Les banques sont sans doute plus solide et capitalisée donc le risque n’est pas forcément à chercher par la.

Quelques pistes pour le krach de 2022 ?

Aujourd’hui certaines entreprises de la consommations discrĂ©tionnaires sont fortement valorisĂ©es (surtout Tesla et un peu le luxe). Avec les problèmes d’inflation il est aussi possible que la consommation de ces produits baisse un peu. Les entreprises industrielles sont aussi probablement a risque du fait de l’inflation qui les frappent de tous cĂ´tĂ©s (salaires, matières premières) et avec une demande qui risque de dĂ©cliner. L’immobilier de bureau n’est pas en grande forme aussi. Certaines entreprises de communication ont dĂ©jĂ  beaucoup perdus telle que Netflix ou Facebook, donc le risque est moins grand mais il est possible qu’elle continuer Ă  chuter (la chute Ă©tant moins lourde une fois que le titre a dĂ©jĂ  perdu deux tiers de sa valeur comme Netflix).

Quels secteurs résistent le mieux pendant un krach boursier ?

De l’analyse des krachs boursiers de 2000 et 2008 les secteurs qui performent le mieux :

La meilleur secteur : la consommation de base

 Sur les deux derniers krachs elle n’a perdu en moyenne que 9.75%.  Et oui alors que le S&P perdait près de 40% de 2000 Ă  2002 ne perdait que 10.75% sur la mĂŞme pĂ©riode. Rebelotte en 2008 avec le secteur ne perdant que 8.61%. Ceci est parfaitement logique car quoiqu’il arrive les gens auront toujours besoin de se nourrir et de se laver.

Les entreprises de ce secteur sont aussi en général plus solides et versent des dividendes. La consommation de base est donc la valeur refuge par excellence. Pas très sexy en période de forte croissance voire d’exubérance mais fiables quand tout va mal.

Le second secteur : la santé

Le secteur ne perdait en moyenne que 15% sur les deux pĂ©riodes baissières. Encore une fois cela a du sens. Manger et se soigner ne s’arrĂŞtent pas Ă  cause d’un krach boursier. Les maladies ne s’arrĂŞtent pas avec les crises Ă©conomiques. La santĂ© avait mĂŞme fait mieux que la consommation de base en 2000-2002 perdant moins de 10% (9.75%).

Cependant elle avait perdu plus de 20% en 2007-2008. Comme la consommation de base, la santĂ© est constituĂ©e majoritairement d’entreprises âgĂ©es, solides, reconnues qui versent des bons dividendes. Des belles valeurs refuges donc.

La mĂ©daille de bronze pour l’Ă©nergie :

Enfin troisième sur le podium est le secteur de l’énergie. Il n’a perdu en moyenne que 17.08% sur les deux derniers Krach. Je dois avouer que j’ai moi-mĂŞme Ă©tĂ© surpris. MĂŞme si cela est contre intuitif au premier abord, le secteur de l’Ă©nergie partage certaines caractĂ©ristiques avec la consommation de base et la santĂ©.

En effet, l’Ă©nergie est absolument nĂ©cessaire pour se chauffer et se dĂ©placer. On ne peut pas s’en passer. Ces entreprises ont aussi une faible croissance mais versent de forts dividendes. Est-ce peut ĂŞtre une raison pour laquelle le vieux sage Warren Buffet a rĂ©cemment beaucoup investi dans des entreprises pĂ©trolières… qui sait.

Quels secteurs ont le mieux résistés au krach boursier de 2022 ?

Alors cette thĂ©orie s’est-elle vĂ©rifiĂ©e jusqu’Ă  prĂ©sent avec le marchĂ© baissier que nous avons connu depuis Janvier 2022 ?

La chute du S&P500 a commencĂ© le 4 Janvier 2022. Jusqu’Ă  la date de rĂ©daction de cet article au 1er Septembre 2022 la performance est la suivante :

SecteurPerformance du 4 janvier au 1er septembre 2022
Energie37,22%
Service de base6,41%
Conso de Base-4,64%
Santé-9,06%
Industriels-11,32%
Financières-16,14%
Mat de Base-16,78%
SP500-17,02%
Immobilier-19,47%
Technologie-23,31%
Conso Discrétionnaire-25,38%
Communication-29,84%
Performance par secteur depuis le début du Krach boursier de 2022

Et bien surprise-surprise des 4 meilleures secteurs, 3 sont l’Ă©nergie, la consommation de base et la santĂ©. Les services de base se sont intercalĂ©s, ce qui est logique car ils bĂ©nĂ©ficient des hausses des prix de l’Ă©lectricitĂ©.

Le fait que les trois secteurs soient les plus performants pour le moment ne veut pas dire qu’une fois le marchĂ© baissier terminĂ© l’ordre d’arrivĂ©e sera le mĂŞme. Mais puisque les  analyses des trois pĂ©riodes semblent concorder il est probable que ces secteurs soient encore les plus performants dans ce marchĂ© baissier.

Concrètement comment amortir la chute ?

1- Revoir son portefeuille :

La première chose Ă  faire est une revue de son portefeuille. Avez-vous des entreprises surĂ©valuĂ©es (c’est -Ă  -dire une valeur intrinsèque infĂ©rieure au prix/cours de l’action) ? Si oui sont-elles dans les trois secteurs dĂ©fensifs ? Si non et bien dans ce cas rĂ©flĂ©chir si cela vaut la peine de vendre cette entreprise pour en acheter une d’un des 3-4 secteurs. Ou bien acheter un ETF des secteurs dĂ©fensifs.

2- Ne pas se jeter tête baissée sur les entreprises des secteurs qui protègent le mieux

Il est important de prĂ©ciser que les caractĂ©ristiques individuelles de l’entreprise sont bien plus importantes que le secteur dont elle fait partie. Mieux vaut une superbe entreprise d’un secteur qui subit en pĂ©riode de krach boursier, par exemple Google dans la communication qu’une entreprise en difficultĂ© comme EDF. Oui dĂ©solĂ© je ne vais pas me faire des amis mais l’ancien fleuron EDF est aujourd’hui en bien mauvaise condition.

Le plus important en pĂ©riode de crise est de s’assurer que l’entreprise n’est pas trop endettĂ©e et a la capacitĂ© de continuer son activitĂ© malgrĂ© la crise.  Par exemple, une entreprise de Biotechnologie dans le secteur de la santĂ© aura du mal Ă  survivre si elle est très endettĂ©e et nĂ©cessite l’apport de capitaux frais pour continuer ses recherches.

3- Attention avec les ventes puis rachats

Essayer de “timer” le marchĂ© est tentant mais risquĂ©. Timer le marchĂ© veut dire de vendre des actions que l’on dĂ©tient puis de les racheter plus tard Ă  un prix plus bas. Tout le monde en rĂŞve mais très peu y arrivent. C’est un jeu dangeureux. Effectivement c’est très tentant mais que fait-on si le marchĂ© ne descend finalement pas et monte ?

J’en parle car je suis certain que beaucoup d’entre vous y ont pensĂ©. Aussi si jamais vous Ă©tiez tentĂ© il faudrait ĂŞtre ultra disciplinĂ© et se donner une limite du prix de rachat.  Les plus grands investisseurs de l’histoire ne le font pas et le dĂ©conseillent comme Warren Buffet et Peter Lynch. Eux achètent quand le prix est attractif, il n’attendent pas qu’il baisse encore et encore. Quand une bonne affaire arrive, on la saisit immĂ©diatement, et on n’attends pas encore et encore que le prix baisse un petit plus.

4- Utiliser les options en bourse pour amortir la chute

Il est possible de parier à la baisse ou de se couvrir. Notamment avec l’utilisation d’option Put (définition à retrouver ici). C’est très tentant de le faire, mais évidemment d’autres y pensent aussi. Ce qui fait que les couvertures sont chères à l’heure où j’écris ces lignes. En conséquence, si vous le faites, il est indispensable de s’être formé avant. Ce sujet sera abordé dans des futurs articles.

Conclusion comment réagir en période de krach boursier :

Les 3-4 secteurs les plus performants en pĂ©riode de crise sont ceux dits dĂ©fensifs. La consommation de base, la santĂ© et l’Ă©nergie performent beaucoup mieux en pĂ©riode de crise. Mais Ă©videmment performent moins bien que la Technologie ou la consommation discrĂ©tionnaire pendant les pĂ©riodes de boom.

C’est Ă  chacun de dĂ©cider de la bonne constitution de son portefeuille, et de l’équilibre Ă  trouver. Ces titres dĂ©fensifs amortissent la chute, et celle-ci Ă  dĂ©jĂ  commencĂ©e. Si le Krach continue et s’accentue, il est assez probable que ces titres continueront Ă  surperformer le marchĂ©.

En tous les cas, il ne faut pas paniquer pendant une crise. Il faut la célébrer et se préparer à ramasser des actions formidables à des prix très intéressants.

N’hĂ©sitez pas Ă  posez vos questions sur les krachs en commentaires.  

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