Bulle ou pas bulle ? Utilisons les 3 éléments d’une bulle constitutifs d’une bulle sur 2022.
Il est peut être un peu tard en cette fin Juin pour se poser la question de la bulle, les marchés ayant déja perdus respectivement plus de 20% pour le S&P500 et plus de 30% pour le Nasdaq. Néanmoins se poser la question permet de mieux comprendre ce qu’il se passe. Si nous sommes dans une bulle, la baisse potentielle pourrait être bien plus importante avec comme exemple extrêmes la bulle de 1929 avec un Dow Jones en baisse de 89!!!. Ou bien le Nasdaq en 2000 qui durant l’éclatement de la bulle internet avait perdu plus de 80% de sa valeur en deux ans et demie. Les bulles génèrent des chutes plus importantes que les simples corrections.
Premier élément la spéculation
La spéculation était elle à un niveau particulièrement élevé en 2021? En analysant les faits difficile d’argumenter le contraire.
- Premier exemple le Bitcoin. Je ne vais pas me faire que des amis mais c’est de la spéculation. Ca ne produit rien et n’est pas un moyen d’échange viable (les transactions prennent plusieurs minutes et il ne pourrait pas être utilisé pour les achats du quotidien). Ici clairement les investisseurs en Bitcoin visaient une augmentation mais sans se soucier des fondamentaux de l’actif.
- Second exemple, La ruée vers l’or? Jetons un œil au secteur des véhicules électriques, certaines valorisations étaient parfois démentielle… Je ne parle pas de Tesla mais de certaines qui avec un prototype bidon voire même juste un concept étaient valorisée un milliard de dollars. Nikola avait réalisé l’exploit d’être valorisé jusqu’à 22 milliards de dollars alors que l’entreprise avait réalisé sur 4 ans un chiffre d’affaires cumulé de moins de 100,000 dollars (oui vous avez bien lu, moins de cent milles USD de chiffre d’affaires). Son seul fait d’armes avoir un joli prototype qui ne roulait que… dans les pentes descendantes. Pour rigoler, ou pleurer, vous pouvez regardez cette vidéo de Nikola et la pente!
- Troisième exemple : AMC et le phénomène Wall Street Bet. Ceci mériterait un article entier mais l’exemple d’AMC est frappant. Cette chaine de cinéma sur le déclin qui était valorisée environ 7-8 dollars avant le Covid a vu son cours monter à 72 USD en Juin 2021. Et ceci sachant que l’entreprise avait perdu 4 milliards de Dollars en 2020 sachant qu’en 2019 elle était déja déficitaire et qu’en 2018 elle avait gagné 110 millions de dollars. Il faudrait donc attendre 40 ans de bonnes années rien que pour effacer les pertes de 2020.
Second élément : l’argent facile
Ici c’est simple il n’y a jamais dans l’histoire humaine une telle création monétaire. La crise du Covid est un record absolu. Plus de 20% des dollars en circulation a été crée dans les deux dernières années.
Les taux d’intérêts étaient aussi historiquement bas. Les dernières années il était très facile d’emprunter voire même être payé pour cela. En 2020 l’Allemagne a emprunté à des taux négatifs. Selon des documents officiels du ministère des finances cela lui a généré 7 milliards d’Euro de revenus. De nombreuses entreprises européennes telles que Schneider Electric empruntaient déjà en 2019 à des taux négatifs.
Pour les particuliers les taux n’étaient pas négatifs mais très faibles ce qui a sans doute encouragé la hausse des prix de l’immobilier. Au niveau de la bourse cela s’est concrétisé par une utilisation accrue de la marge (margin en Anglais). En résumer la marge étant un prêt accordé par le courtier auprès de l’investisseur pour acheter des actions. L’investisseur payant des intérêts au courtier. Selon les statistiques de l’organisme américain de régulation de l’industrie financière la marge a presque doublée entre janvier 2020 et Octobre 2021 (+76%) !
Troisième élément la commercialisation
Au cours des dernières années nous avons eu droit a beaucoup « d’innovations » financières.
- Le bitcoin : encore lui. Une invention qui date de 2019 mais qui a pris son essor à partir de 2020 durant la crise Covid. Plus au-delà du bitcoin toutes les autres coins ou les NFT (l’art virtuel auquel je n’ai encore rien compris!).
- La multiplication des brokers à 0 commissions tels que Robinhood. Voire même qui encouragent les gens à s’inscrire chez eux en leur offrant des actions gratuites.
- La communication de ces plateformes qui essayent de transformer l’investissement boursier en un grand jeu. Le fait de rendre « cool » l’investissement boursier avec des réseaux sociaux dédiés a la bourse.
On est dans la bulle !
Si l’on s’en tient a ces 3 éléments constitutifs d’une bulle ils sont tous là pour montrer que nous sommes bien dans une bulle. Il est impossible d’affirmer que tout le marché est dans une bulle, ceci dit il est clair que la bulle a déjà éclaté pour un certain nombre de niches. Des entreprises « innovantes » non profitables ont déjà beaucoup perdu. Notre ami Nikola a perdu 94% de sa valeur, et les vélos d’appartements Peloton 95% depuis leurs pics. Même des valeurs beaucoup plus solides et profitables ont été prises dans l’euphorie et sont depuis redescendues sur terre telles que Paypal qui a perdu 77% de sa valeur et Facebook/Meta « seulement » 58%.
Dans un prochain article en se basant sur l’histoire récente et passée on essayera d’estimer ensemble jusqu’où la bulle peut éclater.