Comment se construire un portefeuille en bourse est un art. En utilisant des règles simples et de base, il est possible de se bâtir un portefeuille solide et cohérent qui se mettra à votre service. Ainsi un portefeuille est comme un organisme vivant qui évolue avec le temps. Des éléments s’ajoutent, d’autres disparaissent, certains grandissent trop et doivent être réduits. Dans cet article nous passerons en revue les 6 règles de base à utiliser afin de structurer son portefeuille.
1- Connaître ses objectifs et avec combien débuter.
C’est sans doute l’élément le plus important et pourtant le plus ignoré. Vous devez vous dire « c’est très simple je veux gagner de l’argent, et dites moi comment ». Le problème c’est que nous avons tous des circonstances personnelles et des caractères différents. Par exemple, si vous avez 20 ans et que vous voulez vous constituer un patrimoine pour votre retraite, vous serez prêt à investir dans des entreprises en forte croissance mais plus risquées. Si vous avez 65 ans et souhaitez que votre portefeuille complète votre retraite alors vous allez vous constituer un portefeuille de titre solides qui versent des dividendes. Pour vous y aider vous pouvez vous référer à la typologie des actions en Bourse ici.
Quel montant suis-je prêt à investir ?
Quel montant allouer à mon portefeuille. Les deux premières questions à se poser sont les suivantes : Puis-je attendre 5 ans avant de récupérer les fonds investis ? Puis-je me permettre de perdre une grande partie de mes investissements sans que cela affecte mon quotidien et mes grands projets futurs ? Si vous avez répondu non à une de ces questions alors demandez-vous quel montant vous pourriez vous permettre de perdre sans que cela affecte votre qualité de vie et vos projets.
Par exemple si vous avez prévu d’acheter un logement l’année prochaine, je vous déconseille d’investir en Bourse les fonds destinés à votre apport. Il est très, très improbable que vous perdiez tout, surtout si vous vous formez, mais la meilleure façon de se prémunir des pertes est d’imaginer le pire afin de s’assurer que tout est en place pour l’éviter. Le montant maximum à investir est celui que vous pouvez vous permettre de perdre.
Il n’y a pas de montant minimum pour construire son portefeuille mais l’on recommande d’avoir au moins 1,000 ou 2,000 Euros à investir.
Maintenant que vous savez combien vous souhaitez investir les deux questions de base à se poser sont les suivantes :
Je souhaite recevoir des revenus / dividendes réguliers, ou je vise l’appréciation future des titres ?
Donc d’un côté des titres à fort dividende comme les entreprises pétrolières et d’un autre côté des entreprises révolutionnaires comme Virgin Galactic qui développe une offre de tourisme spatiale. Evidemment ce n’est pas ou tout blanc ou tout noir et vous avez des titres entre les deux qui croissent et versent des dividendes comme Microsoft.
Quel est mon rapport au risque ?
La troisième question à se poser est votre appétence ou plutôt votre tolérance au risque. Jusqu’à ce que le risque se matérialise, tout le monde est très courageux. Comment juger cela du mieux possible ? Se demander comment on réagirait si notre portefeuille est en baisse de 10%, 20%, 30% ou même 50%. Si vous ne supportez pas l’idée d’avoir une baisse, papier et temporaire, de 10% alors il est clair qu’il vaut mieux se concentrer sur des entreprises stables et défensives (comme les géants de l’agro-alimentaires par exemple) ; si vous êtes prêts à vivre une baisse temporaire de 50% alors vous pouvez investir dans des titres plus risqués.
Juste un dernier point sur le risque, il est lié à la nature de l’entreprise et de son activité mais aussi au prix payé pour l’action. Evidemment plus le titre est acheté avec un rabais plus le risque est faible, le pendant étant que plus le titre est cher par rapport à sa valeur intrinsèque plus les risques de chute sont importants. Le calcul de la valeur intrinsèque fait l’objet d’autres articles sur le blog.
Voilà vous savez quels sont vos objectifs et combien êtes vous prêts à investir. La prochaine étape est combien de lignes mettre dans son portefeuille.
2- Combien d’actions dans mon portefeuille ? Concentré ou diversifié ?
Ici il y a plusieurs écoles : les portefeuilles concentrés une dizaine / vingtaine de titres et les portefeuilles fortement diversifiés avec plusieurs centaines de différentes entreprises.
L’avantage des portefeuilles concentrés : entreprises bien choisies et gains potentiels élevés si tout se passe bien. Le revers de la médaille étant que la chute d’un ou plusieurs titres peut avoir un effet très néfaste sur votre portefeuille.
Un portefeuille diversifié sera en théorie moins volatile, mais les gains risquent d’être moindre puisqu’une surperformance d’un titre risque d’être « absorbée » par la masse.
Il n’y a pas de vérité absolue et chacun son style. Maintenant les études montrent qu’au delà de 15-20 titres, les bénéfices de la diversification sur le risque diminuent. Cela tombe bien, car un investisseur particulier aura sans doute du mal à suivre plus de 15-20 valeurs (en plus de celles qu’il recherchent). Le nombre minimum est probablement de 10 actions.
Le nombre de titres n’est pas le seul point. Il faut aussi s’assurer de leur diversité donc avoir des titres de secteurs ou pays différents. Par exemple si la moitié des titres sont du même secteur alors la diversification ne fonctionnera pas.
3- Combien investir par ligne ? Quelle allocation ?
Il y a deux étapes. La première étape est liée au nombre de titres. Le plus simple au début est d’allouer la même somme à chacun des titres. Donc par exemple vous avez 15,000 Euros à investir, et vous comptez avoir un portefeuille de 15 titres alors dans ce cas vous allouerez 1000 Euros par ligne (15,000 € / 15).
Pour les investisseurs plus confirmés il est aussi possible d’être plus subtil. Par exemple vous voulez « tenter un pari » sur un titre, le risque est plus grand donc potentiellement dans ce cas vous allouerez un plus petit pourcentage. Inversement si vous avez une forte conviction sur un titre, ou qu’il est très sous valorisé vous pourriez éventuellement augmenter votre allocation.
Sans entrer dans le détail, ne pas oublier de considérer d’autres types d’actifs qu’il est possible d’allouer à son portefeuille. Comme les métaux, l’immobilier papier ou même les obligations. Enfin il convient de déterminer la quantité de cash que l’on souhaite avoir sous la main. Cette dernière question fera l’objet d’un article spécifique.
4- Quand et comment acheter ?
Pour les débutants et même pour certains investisseurs confirmés, le plus simple est d’utiliser la technique du Dollar Cost Averaging (DCA). Ce terme compliqué signifie qu’à intervalles fixes et réguliers la même somme est investie et ce indépendamment du cours. Donc par exemple tous les 15 du mois vous investissez 1,000 dans les mêmes titres. Si vous n’avez pas suffisamment de fonds vous pouvez le faire tous les trimestres par exemple. Avec le Dollar Cost Averaging l’on achète parfois cher et parfois à rabais. Le bénéfice est qu’à la fin l‘on obtient une moyenne cohérente et ceci sans se faire des nœuds au cerveau.
Il est aussi recommandé d’acheter par tranches (pas tout d’un coup) et dans une période minimum de 6 mois. Il n’est pas forcément recommandé d’investir la totalité de son allocation en 7 jours par exemple. Pour ceux qui souhaitent développer l’art du timing pour l’achat l’on incorporera les notions de valorisation et de d’analyse technique. Mais cela est pour un autre article.
5- Suivre et monitorer son portefeuille.
Pas besoin de regarder tous les jours (c’est même déconseillé) mais au moins une fois par trimestre au moment de la publication des résultats trimestriels. Quand on suit une entreprise il ne faut pas uniquement suivre l’évolution du cours mais plutôt se concentrer sur les éléments liés aux fondamentaux de l’entreprise. Par exemple la communication des dirigeants, les orientations stratégiques, les réussites et échecs opérationnels, les projets futurs, et bien évidemment les résultats financiers, etc. En résumé il faut s’assurer que l’évolution de l’entreprise, qu’elle continue à aller de l’avant et qu’elle ne régresse pas.
6- La grande revue annuelle.
Au moins une fois par an, tout revoir ! Ses objectifs et notamment si le portefeuille est toujours cohérent avec ses objectifs et circonstances. Les titres présents méritent-ils d’être encore dans le portefeuille (en lien avec l’étape 5) ?
Pour ceux qui savent le faire, calculer la valeur intrinsèque de l’entreprise (au moins une fois par an et idéalement tous les trimestres).
Puis-je réinjecter des fonds ou utiliser les dividendes perçus, etc. Dois-je le rééquilibrer si certaines lignes sont trop importantes par exemple. En incluant les retraits, les ventes, les ajouts et les dividendes de combien de fonds je dispose et comment je compte les allouer dans l’année, les mois qui viennent.
Pour conclure…
Un portefeuille ne se construit pas en quelques jours, cela prend du temps et c’est normal. Mieux vaut prendre son temps et faire les choses correctement avec méthode plutôt que de se précipiter. Il est tout à fait normal qu’un solide portefeuille prenne des mois voire des années à se bâtir. C’est un processus d’apprentissage fait d’essais-erreurs. Cet article pose les bases de la structuration d’un portefeuille en utilisant les étapes du cycle : Objectifs – Allocation – Achats – Suivi – Revue.
Dans d’autres articles on pourra y ajouter des éléments supplémentaires comme la recherche d’entreprises, leur valorisation ainsi que l’analyse fondamentale et l’analyse technique.